Pour nous, tout a commencé en 1987, une planche « Holy Sport » toute plate sous les pieds. Construction de banks et waxage de trottoir (à la bougie !) puis rendez-vous à St Charles, à Chavanelle, à la Fac, à la Piste (bizillon),… pour partir ensemble streeter Sainté en long et en large !
J’ai monté mon 1er trottoir aux Ursules, une fois qu’on a découvert dans un « Bicross’n’Skate Magazine » un Ollie-air en séquence ! On a commencé le skate sans se douter de l’existence même du ollie, figure de base du skate « moderne» ! Avant cela, on croyait inventer des figures en faisant des espèces de «boneless» par le nose…
On a connu les planches en forme de poisson sans nose, vu les noses apparaître et grossir jusqu’aux planches «double tail», porté des baggies énormes et skaté des roues de la taille des smarties. On a vu le monde du skate changer sans finalement que ça modifie notre vision et notre amour pour ce petit jouet en bois inutile. On a loué nos 1ères vidéos de skate (cassettes VHS américaines) dans un magasin de planche à voile. C’était la grande époque Powell Peralta, Santa Cruz, H Street,… On a fait la descente de la Cotonne en slide, Solaure – La Terrasse un paquet de fois, les handrails de la Métare…
On a bu à toutes les fontaines de la ville et les expéditions à Charlemagne (Lyon) à la journée (rendez-vous à 7h du mat à Chateaucreux ! ) nous ont permis de découvrir 2 joyaux très rares à l’époque : 1 skateshop et 1 skatepark ! (le mur de boards au Surplus d’Ainay nous faisait rêver).
On s’est fait virer, confisquer nos boards, jeter des clés dessus, on a pris des coups de latte… on a même eu des p’tites courses-poursuites avec les forces de l’ordre. Le skate était méconnu à l’époque (mais ça lui donnait un certain charme), on était un peu incompris, traités de voyous ou d’immatures. On était jeunes, libres et on se prenait pour des rebelles.
Certains d’entre nous ont organisé le 1er contest de la région, au skatepark de Montbrison en 1997 (avec concerts punk et cuite en bonus).
On a vu des générations de kids se mettre au skate, arrêter, reprendre ou non, chopper le virus et tout déchirer comme Sammy, Baptiste et mon neveu P’tit Ben (pour ne citer qu’eux, la liste serait trop longue). On a vu le premier, unique et véritable skateshop de Sainté (L’Appart ! ) voir le jour.
En grandissant, on est allé skater un peu partout (Paris, Barcelone,…etc…) et on est toujours revenu à Sainté. C’est fou mais je crois qu’on aime Sainté, avec ses qualités et ses défauts.
Il y a toujours eu un esprit particulier à Saint-Etienne, pas de courbes, pas de skateparks pendant longtemps, des spots “raccros” mais une bonne ambiance sans mauvais esprit de compétition, plus dans le partage et la rigolade. On a vite compris qu’on ne serait pas «sponso» et encore moins «pro», on a vieilli, on s’est blessé mais malgré tout, on a jamais rien lâché !
Le samedi après-midi, entres autres, est resté sacré ! En 2023, on est encore là, c’est un chouilla plus difficile ! Mais on a encore Besoin et Envie de Skater.
La douleur, la fatigue, le doute et la vieillesse n’ont pas encore réussi à nous arrêter. Le doute, en ce moment, est bien présent pour moi. 4 blessures en un peu plus d’un an ça fait beaucoup…
Mais c’est comme une drogue. A chaque début de session, quand je sors de chez moi et que je mets un pied sur ma board, les premières poussées me procurent déjà un immense sentiment de liberté ! C’est à la fois une fontaine de jouvence et un vieillissement prématuré ! Je vous raconte pas les douleurs (dos, genoux, chevilles,…) après chaque session. Tout cassé tonton ! Mais jusqu’à présent il est juste impossible pour moi d’arrêter. Et si c’était à refaire, je prendrais le même chemin pour les gaps, les blessures et les douleurs.
Le pop se fait beaucoup plus discret mais la richesse du skate est telle que l’envie reste intacte. Et c’est un réel plaisir de continuer à partager ça ensemble, depuis toutes ces années, encore et encore. Le skate m’a aussi beaucoup apporté grace à tout son univers, art, musique, j’ai d’ailleurs fait partie de plusieurs groupes de punkrock (Switchstance, Homemade, The Ditch).
Aussi, grace au skate, de solides amitiés se sont créées depuis la fin des années 80. On skate toujours ensemble, on fait encore la fête ensemble et on partage aussi des moments de vie avec nos familles respectives. Happy Skateboard Family ! Les dinosaures du skate stéphanois…